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Les prochaines soutenances de thèse du LAE

 

Eugène Maurey soutiendra sa thèse le lundi 29 septembre à 14 heures, dans l'amphithéâtre Gallé (Présidence) sur le site ingéniérie Brabois (Vandoeuvre les Nancy).
La présentation est intitulée « Quantification du service de régulation fourni par des communautés multi-taxonomiques d'arthropodes prédateurs dans un environnement agricole».
Il nous présentera les travaux menés pendant 3 années passées au LAE, sous la direction de Gaël Caro et Benjamin Bergerot.

Dans ce début d’automne devrait suivre la soutenance de Omar Hafidi. Nous vous donnerons plus de détails dès que possible.

 

Résumé de la thèse d’E Maurey :

Réduire l’usage des pesticides pour réguler les populations de ravageurs constitue un enjeu majeur pour la protection de la biodiversité et de la santé humaine. Une alternative aujourd’hui reconnue par le monde scientifique consiste à contrôler ces populations non pas par des intrants chimiques, mais grâce à leurs ennemis naturels déjà présents dans les agroécosystèmes. Ce processus est désigné sous le terme de régulation naturelle des ravageurs. Ces ennemis naturels regroupent une large diversité de groupes taxonomiques, notamment les arthropodes prédateurs épigés tels que les Carabes, les Araignées ou les Chilopodes. Pour favoriser le service de régulation fourni par ces communautés, il est essentiel d’améliorer notre compréhension de ce service, des facteurs qui le font varier et des moyens de le quantifier. Une approche prometteuse pour évaluer la régulation naturelle exercée par les arthropodes prédateurs épigés consiste à décrire la structure de leurs communautés à travers des traits fonctionnels liés à la prédation. Cependant, un défi majeur réside dans l’absence d’un trait fonctionnel commun, directement lié à la prédation et applicable à l’ensemble des taxons concernés. Pour surmonter cette limite, nous avons recensé les traits liés à la prédation chez les principaux groupes taxonomiques d’arthropodes prédateurs du sol, et proposé la taille corporelle comme proxy fonctionnel en raison de sa relation constante avec la prédation. À partir de la taille corporelle, nous avons estimé le potentiel de prédation des communautés à travers les relations connues entre la taille des prédateurs et celle de leurs proies. Bien que la taille corporelle se soit révélée informative, nos résultats ont également mis en évidence ses limites. Ce trait ne suffit pas, à lui seul, à refléter la complexité du processus de prédation, influencé par le contexte écologique ainsi que par d’éventuels biais méthodologiques. De plus, cette focalisation sur la taille traduit un manque de données empiriques sur d’autres traits clés liés à la prédation. Pour évaluer la pertinence de notre approche, nous l’avons comparée à une méthode de référence basée sur la modélisation des flux d’énergie dans les réseaux trophiques. Notre approche descriptive, fondée sur la taille corporelle, a permis de prédire correctement les flux de prédation au sein des communautés. Cependant, nous avons également observé que la régulation naturelle ne dépend pas uniquement de la prédation : d’autres processus écologiques, indépendants des communautés de prédateurs, y contribuent aussi. Cela remet en question l’idée que la prédation suffit à représenter l’ensemble du service de régulation. Enfin, nous avons étudié l’influence de la structure paysagère sur la prédation. L’analyse des relations entre les variables paysagères et la fonction de prédation a révélé peu d’effets. En revanche, la structure taxonomique montrait une réponse plus marquée aux variables paysagères. Ce résultat met en lumière la nécessité de mieux comprendre la réponse fonctionnelle des communautés, et donc de travailler sur les traits de réponse des communautés de prédateurs. En effet, si la taille corporelle permet d’anticiper la prédation, elle ne reflète pas la manière dont les communautés réagissent aux filtres environnementaux à l’échelle du paysage. Cependant, un lien indirect entre le paysage et le contrôle biologique peut être établi en utilisant la structure taxonomique comme intermédiaire. Ainsi, en mobilisant la structure taxonomique comme proxy de réponse, nous pouvons mettre en évidence un lien entre le paysage et le contrôle biologique. Ces relations mériteraient d’être approfondies pour identifier des leviers d’action au sein du paysage permettant de promouvoir le contrôle biologique. Ce travail de thèse met en lumière le potentiel et les limites d’une approche fonctionnelle pour analyser la régulation des ravageurs par les arthropodes prédateurs épigés. Si la taille corporelle constitue un point de départ utile, les recherches futures devraient développer des cadres multi-traits combinant traits d’effet et traits de réponse. De telles approches offriraient une compréhension plus robuste et mécaniste des fonctions écologiques et de leur relation à la structure du paysage, contribuant in fine à une gestion plus efficace de la régulation naturelle en agriculture.